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la voie par ses réponses. Prend-il le parti de se taire, ils devineront tout aussi-bien ses sentimens secrets, par son silence même, qu’ils auroient pu le faire par ses discours. Quant aux réponses ambiguës et semblables à celles des oracles, on ne s’en paie pas long-temps ; et à la fin on est obligé de s’expliquer avec plus de clarté. Ainsi, il est impossible de garder long-temps un secret, sans se permettre un peu de dissimulation, qui alors, comme nous venons de le dire, n’est qu’une suite et une dépendance de cette discrétion même.

Quant au troisième degré, qui est la feinte positive, et l’artifice ou le déguisement, c’est le plus criminel et le moins politique des trois, excepté dans des affaires d’une grande importance et dans certains cas assez rares. En conséquence, l’artifice et le déguisement tourné en habitude, est un vice qui vient d’une fausseté naturelle, d’un caractère timide, ou de quelque autre grand défaut ; et ce défaut, la nécessité où l’on est de le voiler,