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assez sur son naturel, quoiqu’il eût souvent le dessus. Dans les commencemens, pour rendre ses exercices moins pénibles, il doit employer quelques adminicules ; comme une personne qui apprend à nager emploie des vessies, ou des faisceaux de jonc, pour se soutenir plus aisément sur l’eau. Mais, au bout d’un certain temps, il doit augmenter à dessein les difficultés, en s’exerçant, à l’exemple des danseurs qui, pour se rendre plus agiles, s’exercent avec des souliers fort pesans. Car, lorsque les exercices sont plus difficiles que les actions ou les occupations ordinaires, on se perfectionne davantage et plus promptement[1].

  1. On ne peut bien faire que ce qu’on fait avec plaisir ; on ne fait avec plaisir que ce qu’on fait aisément, et l’on ne fait aisément que ce qu’on fait après avoir fait quelque chose de plus difficile, dans le même genre, ou dans le genre analogue. Car tout est relatif, et l’on ne juge de la facilité, on de la difficulté de chaque action, ou occupation, qu’en la comparant avec ce qu’on a fait auparavant. Ainsi, pour travailler avec plus de talent,