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chandise qu’on achète sera la plus forte.

Les richesses qu’on acquiert au service des rois, ou des grands, sont honorables en elles-mêmes ; mais si elles sont le prix de la flatterie, ou de bas artifices, elles avilissent et dégradent, au lieu d’honorer. Cependant, cet art de chasser, pour ainsi dire, aux successions et aux legs des riches, art que Tacite reproche à Sénèque[1], en disant qu’il sembloit prendre au filet les successions et les hommes riches qui n’avoient point d’enfans ; cet art, dis-je, est, pour s’enrichir, une voie encore plus honteuse que la précédente, et d’autant plus infâme que, dans ce dernier cas, on est obligé de flatter et d’abuser des personnes d’un rang

  1. Ce n’est pas Tacite qui l’a reproché à Sénèque ; mais, autant que je puis m’en souvenir, un personnage célèbre qui, étant condamné à mort, et n’ayant plus rien à ménager, s’expliquoit librement sur les favoris de Néron, et qui s’exprimoit ainsi : quels sont les préceptes de philosophie, ô Sénèque ! dont la pratique vous a valu tant de millions ?