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heureuse[1] que la leur, et en donner à leur horde une haute idée. Quand l’établissement est consolidé, il est temps de planter avec des femmes, comme on l’a fait d’abord, avec des hommes ; afin de ne pas dépendre du dehors pour réparer le déchet de la population.

Il n’est point de lâcheté plus criminelle, ni plus odieuse, que celle d’abandonner une colonie, après avoir voulu ou souf-

  1. Elle n’est pas plus heureuse, aurait dit J. J. Rousseau ; elle n’est que différente. Mais le fait est que l’homme sauvage est malheureux, par des besoins réels qu’il ne peut satisfaire qu’avec peine ; et l’homme civilisé l’est par des fantaisies qu’il ne peut contenter ; situation visiblement meilleure : l’homme civilisé pouvant, à la rigueur, se défaire de ses fantaisies, au lieu que l’homme sauvage ne peut se défaire de ses besoins réels. Le premier préfére sa liberté à sa sûreté, à sa vie même ; et le dernier a sacrifié à sa sûreté la plus grande partie de sa liberté. Sans doute ; et il est bon d’ajouter qu’un homme qui ne se croit pas en sûreté et qui a peine à satisfaire ses vrais besoins, n’est pas libre. Ainsi ces grands mots qui font des révolutions, ne me paraissent à moi que les logo-