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vives ; celui à qui il faisoit cette question lui ayant répondu qu’il avoit en effet pris cette licence : je me doutois bien, répliqua-t-il, qu’il auroit ainsi gâté un bon dîner.

La discrétion et l’à-propos, dans les discours, valent mieux que l’éloquence ; et bien approprier ce que l’on dit au caractère et au tour d’esprit de ses auditeurs, est un genre de talent préférable à celui d’une diction élégante et méthodique. Savoir bien parler de suite, sans avoir la répartie prompte et juste, est un signe de pesanteur dans l’esprit. Avoir la répartie vive, et ne savoir pas faire un discours de suite, décèle un esprit stérile et qui a peu de fonds. On sait que les animaux qui courent le mieux, ne sont pas ceux qui ont le plus de souplesse pour faire des détours ; et c’est la différence qu’on observe entre le lévrier et le lièvre. Circonstancier minutieusement tout ce que l’on dit, et se jeter dans un long préambule, avant de venir au fait, rend les entretiens fasti-