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même sujet, de la faire, avec dextérité, passer d’un sujet à un autre, ce qui est, pour ainsi dire, mener la danse. Il est bon de varier le ton de la conversation, et d’y entre-mêler les discours sur les affaires présentes avec les discussions, les narrations avec les raisonnemens, les interrogations avec les assertions ; enfin, le badinage avec le sérieux[1]. Mais elle devient languissante quand on s’appesantit trop sur un même sujet. À l’égard de la plaisanterie, il y a des choses qui ne doivent jamais en être le sujet, et qui doivent être, en quelque manière, privilégiées à cet égard ; par exemple, la religion, les affaires d’état, les grands hommes, les personnes constituées en dignité, les affaires graves des personnes présentes, enfin, toute disgrâce qui doit exciter la compassion. Il est aussi des personnes qui craindroient que leur esprit ne s’endormît, si elles ne lançoient

  1. La conversation doit être une promenade, et non un voyage.