Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/326

Cette page n’a pas encore été corrigée

XXXI. De la conversation.

On rencontre, assez d’hommes qui, dans la conversation, sont plus jaloux de faire parade de la fécondité de leur esprit, et de montrer qu’ils sont en état de défendre toute espèce d’opinions, et de parler pertinemment sur toutes sortes de sujets, que de faire preuve d’un jugement assez sain pour démêler promptement le vrai d’avec le faux ; comme si le vrai talent, en ce genre, consistoit plutôt à savoir tout ce qu’on peut dire, que ce qu’on doit penser. Il en est d’autres qui ont un certain nombre de lieux communs et de textes familiers sur lesquels ils ne tarissent point, mais qui, hors de-là, sont réduits au silence ; genre de stérilité qui les fait paraître monotones, et qui les rend d’abord ennuyeux, puis fort ridicules, dès qu’on découvre en eux ce défaut. Le rôle le plus honorable qu’on puisse jouer dans la conversation, c’est d’en fournir la matière, d’empêcher qu’elle ne roule trop long-temps sur le