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XXX. Du soupçon.

Le soupçon est, parmi nos pensées, ce que la chauve-souris est parmi les oiseaux ; et comme elle, il ne voltige que dans l’obscurité. On ne doit pas l’écouter, ou du moins s’y livrer trop aisément ; il obscurcit l’esprit, éloigne nos amis, et fait que l’on marche avec moins de facilité et de constance vers le but[1].

    res, et celui de l’autre, l’intervalle de temps convenable, et qu’on ne passera de l’un à l’autre que par degrés, autrement il en résulterait une vacillation fatigante et à la longue pernicieuse, soit dans le corps humain, soit dans le corps politique.

  1. Rarement le mal dont la défiance peut noua garantir, égale celui qu’elle nous fait actuellement. Sans doute il n’est presque point d’acte de confiance, sans réserve, dont on n’ait lieu de se repentir, et révéler son foible à son ami, c’est presque toujours armer son ennemi ; mais, pour calculer juste, il faut joindre au mal qui a résulté de cette confiance excessive, tout le bien qu’elle nous a fait tant qu’elle a duré. La défiance est un sentiment de vieillard et un signe de foiblesse ; quand on a perdu presque toutes ses forces, on se