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marche tienne le milieu entre ces deux extrêmes : ou, si vous ne pouvez en trouver un de ce genre, combinez ensemble les deux opposés[1]. Mais, en consul-

  1. Et alors, pourra-t-on dire, vous serez entre le médecin tant pis et le médecin tant mieux. Mais une vérité dont la plupart de ces médecins qui se portent ainsi tout à droite, ou tout à gaucho, ne se doutent pas plus que ceux qui les tournent en ridicule, c’est qu’il est une infinité de maux physiques, et probablement de maladies, ou du moins d’incommodités, qu’on peut guérir par les deux voies opposées ; comme on peut guérir, par les deux moyens contraires, un vice moral ou politique ; la nature produisant quelquefois le même effet, par les deux causes contraires, comme elle produit quelquefois, par la même cause, les deux effets contraires. Par exemple, soit un individu, assez robuste, qui, étant attaqué de plénitude depuis plusieurs jours, ait presque entièrement perdu l’appétit ; s’il mange un peu plus qu’il ne doit manger, à raison de son état, sur-tout des alimens qu’il n’aime point ; que de plus il boive deux ou trois verres d’eau fraîche, une heure après son repas, il aura probablement une demi-indigestion, bientôt suivie d’une évacuation par bas qui le purgera, et l’appétit reviendra, sous un jour ou deux ;