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bonne foi[1]. Si vous appelez un médecin, expert dans la maladie dont vous êtes atteint, mais qui ne connoisse pas bien votre tempérament, vous courez risque qu’il ne vous ôte la fièvre qu’en vous donnant la colique, et qu’il ne tue la maladie qu’en tuant le malade. Mais vous n’aurez plus un tel risque à courir avec un véritable ami, qui, connoissant à fond votre naturel, vos habitudes et votre situation, ne vous donnera que des remèdes convenables à vo-

    lui de l’acheteur ; car chaque individu se surfaisant lui-même et étant mis par les autres au rabais, il est clair que son véritable prix est entre ces deux estimations. Ainsi, pour être bien conseillé, il faut, après avoir consulté les autres, et s’être aussi un peu conseillé soi-même, prendre un milieu entre le conseil qu’on a reçu, et celui qu’on s’est donné.

  1. Souvent aussi ces conseillers intéressés n’étant pas plus sages que sincères, en nous donnant un conseil doublement mauvais, qui tend à leur propre but, et qui vous le fait manquer, vous mènent ainsi au votre.