Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée

est la franchise et la liberté d’un ami. Il est deux sortes de conseils, dont l’une se rapporte aux mœurs, et l’autre aux affaires. Quant à ceux de la première espèce, les avis sincères d’un ami sont le plus sûr et le plus doux préservatif pour se conserver un cœur sain. Se demander à soi-même un compte exact et sévère, est un remède trop pénétrant et trop corrosif. La simple lecture des livres de morale est un remède extrêmement foible. Observer ses propres fautes et les considérer dans un autre individu comme dans un miroir, est un remède d’autant moins sûr, que ce miroir est souvent infidèle, et ne rend pas toujours exactement les images. Mais la recette la plus sûre et la plus douce c’est, sans contre-dit, le conseil d’un véritable ami. Les personnes qui n’ont pas en leur disposition un ami qui puisse leur parler librement d’eux-mêmes, et leur donner à propos un conseil nécessaire, tombent dans une infinité de fautes et d’inconséquences grossières, qui finissent par ruiner leur