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élevé à un si haut degré d’honneur et de puissance Agrippa, homme de basse extraction, qu’ayant un jour consulté Mécène sur le choix d’un époux pour sa fille Julie, il reçut de lui cette réponse : il faut la marier à Agrippa, ou le faire mourir ; car vous l’avez fait si grand, qu’entre ces deux partis extrêmes il n’y a plus de milieu[1]. L’amitié de Tibère pour Séjan étoit si étroite, et il l’avoit tellement approché de soi, qu’on ne les regardoit plus que comme une seule et même personne, et que le prince, dans une lettre qu’il lui écrivoit, s’exprimoit ainsi : j’ai cru qu’en considération de notre amitié, je ne devois pas vous cacher cela. Aussi le sénat, voulant consacrer cette amitié si extraordinaire, fit-il ériger un autel à l’amitié du prince, comme à une déesse. On vit régner une amitié au moins égale entre Septime-Sévère et Plantianus ;

  1. Mécène étoit l’œil droit d’Auguste, et Agrippa, son bras droit.