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En toute délibération, les hommes de ce caractère ont grand soin d’adopter la négative[1]. Car une fois que la proposition, mise sur le tapis, est rejetée, il n’y a plus rien à faire ; au lieu que, si on la met en discussion, c’est une nouvelle besogne qui se présente. Cette fausse prudence ruine toutes les affaires. Pour ter-

  1. Chaque individu peut observer en lui-même que, lorsqu’il est dans un état de foiblesse, il est naturellement porté à chercher les différences, les exceptions, les inconvéniens, les argumens négatifs, les personnalités, en un mot, les ridicules, les défauts, et le côté foible des personnes, des choses, des opinions, des discours, des productions, etc. Or, ce que nous disons d’un individu actuellement foible, il faut le dire des individus en qui cette foiblesse est habituelle : les personnes foibles cherchent, dans tout, le côté foible, c’est-à-dire, ce qui leur ressemble ; ce qu’on peut expliquer ainsi. Lorsqu’on se sent foible, le sentiment de cette foiblesse n’est rien moins qu’agréable. Or, tout individu qui est mécontent de soi, est mécontent de tout ; il l’est de toutes les personnes et de toutes les choses qui, en réveillant sa sensibilité d’une