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ceux qui ont trop de vénération pour l’antiquité, ne sont qu’un objet de ridicule pour leurs contemporains. Ainsi les hommes, dans leurs innovations, devroient imiter le temps même, qui amène sans doute de grands changemens, mais par degrés et presque sans qu’on le sente. Autrement toute nouveauté est vue de mauvais œil, et en améliorant certaines choses, on fera que beaucoup d’autres empirent : car alors celui qui gagne au changement, n’en rend grâce qu’au temps seul ; au lieu que celui qui y perd, le regarde comme une injustice, et s’en prend aux novateurs[1].

  1. Une grande innovation ôte toujours à un grand nombre de citoyens leur principal moyen de subsistance, leur habileté relative, leur réputation, leurs jouissances habituelles, leurs principes et leur repos ; elle fait actuellement un mal très certain en vue d’un bien très incertain : ce n’est pas au hazard que j’ai ajouté : leurs principes ; car un, homme qui a cru, pendant soixante ans, telle action juste, et qui se trouve tout à coup obligé de la croire injuste, est naturellement porté à