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leurs successeurs : or, ce que nous disons des hommes, il faut le dire aussi des choses ; et dans la plupart des institu-

    mouvemens, son âme et sa vie, en réveillant dans leurs esprits ce germe de raison que la nature y a déposé, et au fond de leur cœur, ce germe de vertu que la nature y a planté ;

    Le désir de plaire au sexe formé pour plaire lui-même, et qui à la longue n’estime que ce qui est vraiment estimable ;

    Le suave plaisir d’aimer et d’être aimé ;

    Celui d’être content de soi, de se sentir dans l’ordre, d’être parfaitement d’accord avec soi-même, et d’être un instrument bien accordé ;

    La paix avec les autres, ainsi qu’arec soi-même, et une douce sécurité ;

    En fin, l’espoir fondé de reposer, dans un éternel accroissement de lumières et d’amour, sur le sein du grand Être, par qui tout est, et qui est tout.

    Voilà bien des appuis pour nos devoirs, et bien des garans pour assurer à tout homme qui les remplit, la jouissance de ses véritables droits ; et le plus souvent le prix est dans la tâche même. La vertu n’est donc rien moins qu’une chinère poétique ; mais la vraie semence du bonheur, et la plus douce de toutes les réalités. La morale est donc susceptible de démonstrations géométriques,