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lui qui meurt au milieu d’un grand dessein dont il est profondément occupé, ne sent pas plus la mort que le guerrier qui est frappé mortellement dans la chaleur d’un combat. L’avantage propre de tout grand bien auquel on aspire, et qui remplit l’âme, est d’ôter le sentiment de la douleur et de la mort même. Mais

    tinuellement sa vigilance. Mais, de même qu’on doit endurer la faim et la soif, quand la nécessité le commande, on doit aussi surmonter la crainte de la mort, quand le devoir l’exige. Condamner la crainte de la mort, la plus réelle, la plus opiniâtre et la moins avouée de toutes les maladies humaines, ce n’est pas en guérir ceux qui on sont atteints ; il vaut mieux procéder à cette guérison par deux genres de remèdes, savoir toutes les espèces d’ivresses et toutes les espèces de fortes distractions. Mais le plus noble et le plus sur préservatif contre cette crainte et contre celle de tous les inconvéniens, presque toujours moindres que cette crainte même, c’est, comme nous l’avons dit ailleurs, d’être plus occupé du bien qu’on veut faire, que du mal dont on est menacé, un continuel désir de bien faire est une espèce de cuirasse qui rend presque impassible.