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particulières, le prince en seroit bientôt averti. Mais le remède radical à cet inconvénient est que les princes tâchent de connoître leurs conseillers aussi-bien que ces conseillers les connoissent eux-mêmes ; car le premier talent d’un prince est de bien connoître tous ceux qu’il emploie. D’un autre côté, il ne convient nullement à des conseillers que le prince honore de sa confiance, d’épier tous ses discours et toutes ses actions, pour pénétrer au fond de son cœur : et les conseillers les mieux constitués, sont ceux qui emploient plutôt leur talent et leur sagacité à améliorer les affaires de leur maître, qu’à étudier ses penchans et à approfondir son naturel ; lorsqu’un tel esprit animera tous ses travaux, il sera plus occupé à lui donner de sages conseils, qu’à le flatter et à lui complaire. Une méthode qui peut être fort utile aux princes, c’est de prendre les avis de leurs conseillers, tantôt dans leurs assemblées, tantôt séparément ; car un avis donné en parti-