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éminemment dans une fable qui paroît avoir été inventée pour montrer aux rois combien il leur importe d’être étroitement unis, et en quelque manière incorporés avec leur conseil ; mais en même temps avec quelle prudence et quelle politique ils doivent s’en servir. Car, en premier lieu, les poëtes feignent que Jupiter épousa Métis, qui est l’emblème du conseil ; première fiction qui nous donne à entendre que la souveraineté et le conseil doivent être mariés ensemble. En second lieu, après que Jupiter, ajoutent-ils, eut épousé Métis, elle conçut de lui ; elle devint grosse : mais le dieu ne voulant pas attendre le terme de l’accouchement, la dévora ; il eut une espèce de grossesse, et ensuite il accoucha de Pallas, qui sortit de son cerveau toute armée. Cette fable, quelque monstrueuse qu’elle puisse paroître, ne laisse pas de renfermer un des plus grands secrets de l’art de gouverner ; car elle nous montre, d’une manière sensible, comment le prince doit tirer parti de son conseil.