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semens dont l’un doit servir de frein à leur pouvoir, et l’autre à leur volonté.

XX. Du conseil (et des conseils d’état.)

La preuve la plus sensible de confiance qu’un homme puisse donner à un autre homme, c’est de le choisir pour son conseiller. Car, lorsqu’il confie à un au-

    verse de leur puissance, il est clair que, pour empécher le pouvoir souverain de devenir oppressif, et assimiler parfaitement le dieu terrestre au roi céleste, il faudroit lui ôter en puissance tout ce qui lui manque en justice. Aussi les princes les plus sages, connoissant leurs vrais intérêts, et se défiant d’eux-mèmes, ont-ils soin de limiter leur propre pouvoir, afin de se mettre dans l’heureuse impuissance d’en abuser au point de lasser la patience des peuples, et de provoquer ces terribles réactions qui renversent les trônes. Tant que le trône est occupé par un prince qui a assez de vigueur pour soutenir la résistance que le peuple oppose naturullement à la partie usurpative du pouvoir, la monarchie subsiste ; mais tôt ou tard vient le règne d’un prince foible contre lequel le peuple réagit victorieusement, et qu’il punit de la faute de ses prédécesseurs.