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de les exercer en différens lieux, en mettant à leur tête plusieurs chefs, et en ne les accoutumant pas trop à ces gratifications, on procure ainsi à l’état une défense toujours subsistante et sans courir de risques.

Les princes peuvent être comparés aux corps célestes ; ils font les bons et les mauvais temps ; ils reçoivent beaucoup d’hommages ; mais ils ont plus d’éclat et de majesté que de repos. Tous les préceptes qu’on peut donner aux rois sont compris dans ces deux avertissemens de l’Écriture sainte : souviens-toi que tu es homme ; mais souviens-toi en même temps que tu es un Dieu sur la terre (ou le lieutenant de la divinité[1]) ; avertis-

  1. Le pouvoir despotique du souverain maître de l’univers n’est point oppressif, parce que sa justice est infinie, comme sa puissance ; et les rois de la terre seroient les vrais représentans de la divinité, si la mesure de leur puissance n’excédoit jamais celle de leur justice ; mais, comme ces rois sont ordinairement plus puissans que justes, leur justice étant même presque toujours en raison in-