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ses aventures à tout propos ; qu’il vive et se présente de manière qu’on voie clairement qu’il n’a pas abandonné les manières, les coutumes et les mœurs de son pays, pour faire parade de celles des étrangers ; mais que de tout ce qu’il a pu apprendre dans ses voyages, il n’a cueilli que la fleur, pour la transporter dans les usages et les manières de son pays.

XIX. De la souveraineté, et de l’art de commander.

Est-il un état plus malheureux que celui du mortel qui n’a presque rien à désirer, et presque tout à craindre ! Tel est pourtant le sort le plus ordinaire des souverains. Ils sont si élevés au dessus des autres hommes, qu’il ne reste presque plus rien au dessus d’eux et à quoi ils puissent aspirer : aussi leur âme est-elle perpétuellement livrée à la langueur, à l’ennui, et au dégoût[1]. Ils sont as-

  1. De ce vuide qui est dans leur âme, et qu’il faut remplir par des amusemens dispendieux, vient le vuide qui se fait dans leur trésor, et d’où ré-