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d’un homme qui entreprend un voyage avant d’avoir fait quelques progrès dans la langue du pays où il veut aller, qu’il va à l’école, et non qu’il va voyager. Je voudrais d’abord qu’un jeune homme ne voyageât que sous la direction d’un gouverneur, ou d’un domestique, sage et de bonnes mœurs, qui eût voyagé lui-même dans ce pays où il se propose d’aller, qui en sût la langue, et qui fût en état de lui indiquer d’avance quels sont, dans ce même pays, les objets qui méritent le plus de fixer l’attention d’un observateur ; quelles liaisons plus ou moins étroites il doit y contracter, quels exercices, quelles sciences, ou quels arts y sont portés à un certain degré de perfection ; car autrement un jeune homme voyagera, pour ainsi dire, les yeux bandés, et quoique hors de chez lui, de ses foyers, il ne verra rien.

N’est-il pas surprenant que, dans les voyages de mer, où l’on ne voit que le ciel et l’eau, on ait soin de tenir des