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clins à l’athéisme, sont les temps de paix et de tranquillité, tels que celui d’Auguste : au lieu que la superstition a bouleversé plusieurs états en y introduisant un nouveau premier mobile qui, en imprimant son mouvement violent à toutes les sphères du gouvernement, démontoit tout le système politique[1]. Le plus habile maître, en fait de superstition, c’est le peuple ; car dans tout de qui tient aux opinions de cette nature,

  1. Les religions sont très utiles ; mais la suporstition est très nuisible : or ; le peuple est tout jours superstitieux ; l’intérêt des prêtres est qu’il le soit ; et le peuple est la seule classo qui croie réellement à la religion. Quoi qu’il en soit, si nous consultons l’histoire, voici ce qu’elle nous dit : les religions sont rarement un frein, et souvent un aiguillon très dangereux. Elles ont peu d’influence en bien et comme motifs réels, mais elles en ont une très grande en mal, et comme prétextes : ce n’est le plus ordinairement qu’un manteau de fripon très commode, soit pour en imposer aux sots, soit pour opprimer les gens d’esprit, et sous lequel on peut se faire impunément beaucoup de bien à soi-même, ou beaucoup de mal aux autres ;