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persuadés que Dieu n’existe point, son existence une fois niée, tout seroit fini, et ils n’auroient plus rien à dire : à quoi bon se tourmenter ainsi pour

    les uns ni pour les autres ; mais ne seroit-ce pas cela mème que l’auteur voudroit dire ? Ces trois exemples de rétorsion suffiront pour bannir de la philosophie toutes les personnalités, puisque tout homme qui, dans la dispute, y a recours, donne prise et provoque une récrimination. Si l’existence de Dieu n’étoit appuyée que sur de telles preuves, tout homme raisonnable seroit forcé d’être athée ; mais heureusement elle a des bases plus solides : car, outre les preuves métaphysiques, physiques et morales qui sont connues, on peut raisonner ainsi. Il n’est pas probable que l’homme soit dans l’univers entier la suprême intelligence : il est donc probable qu’il y a dans l’univers des intelligences supérieures à la sienne ; et, comme il n’est point dans la nature deux êtres parfaitement égaux, il est également probable qu’il existe uno intelligence supérieure à toutes les autres, qui a fait sur la totalité de la matière ce que l’homme a fait sur une partie infiniment petite de cette matière, c’est-à-dire, qui a pu et a voulu l’arranger, y mettre de l’ordre. Cette suprême intelligence, cette cause de toutes les causes, je l’appelle Dieu.