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trouvons dans l’Écriture sainte ces paroles si connues : l’insensé a dit dans son cœur : il n’est point de Dieu. Remarquez qu’elle ne dit pas qu’il le pense, mais seulement qu’il se le dit à lui-même, plutôt comme une chose qu’il souhaite et qu’il tâche de se faire accroire, que comme une chose dont il soit intimement persuadé. Les seuls hommes qui osent nier l’existence de Dieu, sont ceux qui croient avoir intérêt à sa non-existence[1], et ce qui prouve bien que l’a-

    l’univers étant, par rapport à l’homme, un ordre constant, il y a donc un Dieu relativement à l’homme, et c’est tout ce qu’il nous faut : si le bonheur de l’homme est tout tissu de relations, et son existence toute relative, les vérités relatives lui suffisent ; il n’a pas besoin des vérités absolues, et toutes les objections fondées sur des vérités de cette dernière espèce sont nulles par rapport à lui.

  1. Ce raisonnement est d’autant plus faux, qu’il peut-être ainsi rétorqué contre ceux qui l’emploient. Les seuls hommes qui affirment que Dieu existe, sont ceux qui croient avoir intérêt à son existence ; et le dogme de l’existence de Dieu est si nécessaire aux hommes honnêtes, qu’ils pour-