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muable, convenablement placée, et de toute éternité, puissent se passer d’un Dieu, que d’imaginer qu’un nombre infini d’atomes, ou d’élémens infiniment petits, et n’ayant aucun centre déterminé vers lequel ils puissent tendre aient pu, par leur concours fortuit, et sans la direction d’une suprême intelligence, produire cet ordre admirable que nous voyons dans l’univers[1]. Nous

  1. Cet ordre que l’homme suppose dans l’univers, pourroit-on dire, ne lui semble tel que par son analogie avec les arrangemens auxquels il donne lui-mème le nom d’ordre ; mais l’homme est-il bien certain que les idées qu’il a de l’ordre, sont conformes à celles qu’en a la Divinité même, et que ce qu’il appelle ordre ne soit pas un désordre par rapport à elle ? D’ailleurs, la constance qu’il attribue à cet ordre qu’il croit voir dans l’univers, n’est relative qu’à la courte durée de l’être éphémère qui en juge. Or, 3 000 ans ne sont pas même une seconde par rapport à l’éternité. Ainsi, quand il seroit prouvé que cet ordre a duré 3 000 ans, cela ne prouveroit pas qu’il est constant. Sans doute, peut-on répondre : mais, si tout est relatif, comme vous le prétendez, l’arrangement de