Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/17

Cette page n’a pas encore été corrigée

les méditations religieuses sur ce sujet, il entre quelquefois de la superstition et de la puérilité : par exemple, dans un de ces livres que les moines méditent pour se préparer à la mort, on lit ce qui suit : si la plus légère blessure faite au doigt peut causer de si vives douleurs, quel horrible supplice doit-ce être que la mort, qui est la corruption ou la dissolution du corps tout enttier ? Conclusion pitoyable, attendu que la fracture ou la dislocation d’un seul membre cause de plus grandes douleurs que la mort même, les parties les plus essentielles à la vie n’étant pas les plus sensibles[1]. C’est donc un mot très ju-

    puisse nous priver, elle nous en rend un qui vaut à lui seul tous ceux qu’elle nous ôte ; le voici : cesser de vivre est cesser de souffrir ; et la mort nous guérit de la peur de mourir.

  1. La mort n’est point un mal, puisqu’on ne la sent pus ; et on ne la sent pas, puisque mourir est cesser de sentir. S’il étoit possible que nous eussions, dans ce passege de l’être au néant, un sentiment aussi vif qu’en pleine santé, la mort seroit