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siveté ; de mettre un frein au luxe et aux

    Il n’est point en ce monde de puissance, ni de génie qui puisse empêcher ces augmentations et ces diminutions alternatives : elles ont lieu dans le marché d’une petite ville, dans ceux d’une capitale, dans le grand marché de l’Europe et dans le monde entier. Voilà pour les biens réels ; actuellement voyons les signes si souvent préférés aux choses.

    L’argent et les choses nécessaires, utiles ou agréables, s’ettirent et s’achètent réciproquement. Mais, plus une chose est nécessaire, plus l’attraction qu’elle exerce sur celles qu’on donne en échange est forte et constante. Ainsi, tout individu, et tout peuple qui a de quoi acheter de l’argent, en aura quand il voudra, si les opérations et les routes du commerce sont libres ; et comme le bled attire plus fortement l’argent que ce métal ne l’attire , parce qu’il est plus nécessaire ; non-seulement celui qui a du bled, dans le cas supposé, aura de l’argent quand il voudra, mais même, généralement parlant, il sera plus assuré d’en avoir que celui qui, ayant beaucoup d’argent, manqueroit de bled, ne seroit assuré d’avoir du grain. Car on voit quelquefois des nations qui, ayant peu d’argent et beaucoup de bled, ne laissent pas de retenir ce bled ; mais on n’en a jamais vu aucune