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et l’industrie nationale ; de bannir l’oi-

    le prix. Lorsqu’elle y est très commune et à très bas prix, les acheteurs accourent, la rendent plus rare et en font hausser le prix. Il faut donc laisser faire les vendeurs et les acheteurs qui auront soin de tenir en équilibre la balance de votre commerce, et qui vous rendront ce service, sans que vous leur en ayez obligation. Car l’effet de toute loi tendant à tenir une denrée à un prix beaucoup plus bas que celui où elle devroit être naturellement, n’est que de la faire cacher, porter ailleurs, et même détériorer par dépit, ou détruire tout-à-fait, comme les Athéniens l’apprirent à leurs dépens, lorsqu’ayant fait des réglemens pour tenir le bled à bas prix, et nourrir plus aisément un peuple aussi stupide qu’impatient, ils l’affamèrent : réglemens qui étoient le comble et le maximum de la sottise. Il en est de même de la balance du commerce, envisagée de nation à nation : lorsqu’un grand commerce accumule les richesses dans un pays, en y faisant hausser le prix des choses nécessaires à la vie, celui de la main d’œuvre et celui des marchandises de toute espèce, elles lui donnent à la longue un désavantage visible dans tous les marchés du dehors, et il s’appauvrit : au contraire, s’il est pauvre et industrieux, à la longue, sa pauvreté même sera pour lui une source d’opulence.