Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

effet, mentir n’est-ce pas braver Dieu même, et plier lâchement devant les hommes[1] ? Enfin, pour donner une juste idée de ]’énormité des crimes tenant du mensonge et de la fausseté, disons que ce vice, en comblant la mesure des iniquités humaines, sera comme la trompette qui appellera sur les hommes le jugement de Dieu : car il est écrit que le Sauveur du monde, à son dernier

  1. Si l’on osoit dire la vérité, on ne mentiroit pas : ainsi le mensonge est un signe de crainte. Dire à un homme qu’il a menti, c’est lui dire qu’il est un poltron, et lui annoncer qu’il doit s’attendre à beaucoup d’autres affronts, la plupart des hommes ne ménageant que ceux qu’ils redoutent, et foulant aux pieds ceux qu’ils ne craignent point, pour intimider ceux qu’ils craignent et se faire respecter, en courant le moins de risque qu’il est possible. Il en est de même d’un soufflet, on le regarde comme le plus sanglant de tous les affronta, et ce n’est point du tout un préjugé. Car on frappe les enfans, les femmes et, en général, les foibles, du plat de la main, de peur de les estropier, et sur la joue, afin que le coup soit en même tempe plus vivement senti et peu dangereux : ainsi frap-