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en effet, discuter ces ordres, se dispenser par des excuses de les exécuter, ou les éluder par des plaisanteries, ce sont autant de manières de secouer le joug, autant d’essais de désobéissance ; surtout lorsque ces raisonneurs qui défendent le gouvernement, parlent bas et avec timidité, tandis que leurs opposés parlent haut et avec insolence.

De plus, comme l’a judicieusement observé Machiavel, lorsqu’un prince, qui devroît être le père commun de tous

    temps, qui s’oxprimoit ainsi à ce sujet : un peu de médisance est un mal nécessaire à l’homme, ce bavard et méchant animal : il a besoin de faire ou de dire du mal ; s’il ne peut vous en dire, il voudra vous en faire. Souffrons qu’ils disent du mal de nous, disoit Auguste à un de ses confidens, trop heureux qu’ils ne puissent nous en faire. Rien n’est plus respecté qu’un gouvernement, qui, au bruit des pamphlets que lancent l’un contre l’autre deux partis opposés, ou que tous deux lancent contre lui, garde une attitude fière et silencieuse : la susceptibilité, en ce genre, comme en tout autre, est un signe du foiblesse ; et l’impassibilité, un signe de force.