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mieux à un grammairien (rhéteur), qu’à un philosophe : cependant, envisagée par une certaine face, elle mérite l’attention des sages mêmes. Quelle est la partie la plus essentielle à l’orateur, demandoit-on à Démosthène ? — C’est l’action. Quelle est la seconde ? — L’action. Et la troisième ? — L’action encore. Il ne disoit rien en cela qu’il n’eût appris de sa propre expérience ; car personne ne posséda ce genre de talent à un plus haut degré que lui ; cependant la nature l’avoit peu favorisé à cet égard, et il ne l’avoit acquis que par un travail opiniâtre. On peut être étonné de voir ce grand homme attacher tant d’importance à cette partie de l’orateur, qui peut passer pour la plus superficielle[1],

  1. La partie la plus superficielle de l’art oratoire est la plus nécessaire, parce que l’orateur parle presque toujours à des hommes superficiels ; le tailleur devant prendre la mesure, non sur lui-même, ni sur les plus beaux hommes, mais sur les hommes qu’il veut habiller ; or, ce que notre auteur dit de la déclamation, on doit l’appliquer