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autres pensent d’eux, et considèrent combien de gens voudroient être à leur place, alors, encouragés par cette opinion des autres, ils parviennent enfin à se faire accroire qu’ils sont heureux ; ils le sont, en quelque manière, par oui-dire et sur parole, quoique, dans les courts momens où ils rentrent en eux-mêmes ils sentent bien qu’ils ne le sont pas : car, s’ils sont les derniers à sentir leurs torts, ils sont les premiers à sentir leurs peines. Les hommes revêtus d’un grand pouvoir, sont presque toujours étrangers à eux-mêmes ; perdus dans le tourbillon des affaires qui leur causent de continuelles distractions, ils n’ont pas le temps de se replier sur eux-mêmes, pour s’occuper de leur corps ou de leur âme.

La mort lu plus honteuse, c’est celle de l’homme qui, étant connu de tous, meurt inconnu à lui-même.

Les grands emplois donnent indistinctement le pouvoir de faire le bien et celui de faire le mal ; mais le dernier est un vrai malheur : et si le mieux est de