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a ses redoublemens et, pour ainsi dire, son flux, ce sont les temps de foiblesse ; par exemple, celui d’une grande prospérité, ou d’une extrême adversité. Ce sont ordinairement ces deux situations (quoiqu’on n’ait pas encore appliqué cette remarque à la dernière) qui allument ou attisent ordinairement le feu de l’amour ; ce qui montre assez qu’il est l’enfant de la folie. Ainsi, quand on ne peut se défendre entièrement de cette passion, il faut du moins prendre peine à la réprimer, en l’écartant avec soin de toute affaire sérieuse et de toute action importante ; car, si une fois elle s’y mêle, elle brouillera tout et elle vous fera manquer le but. Je ne vois pas trop pourquoi les guerriers sont si fort adonnés à l’amour ; seroit-ce par la même raison qu’ils sont adonnés au vin, et parce que les périls veulent être payés par les plaisirs ?

L’amour est une affection naturelle à l’homme ; il est porté par instinct à aimer ses semblables ; et, lorsque ce sentiment