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vent sous leur main un remède plus agréable à leurs passions dépravées, ils dédaignent presque toujours le mariage. Voilà pourquoi l’on voit parmni vous une multitude d’individus qui préfèrent un célibat impur au saint joug du mariage, et dans le petit nombre de ceux qui se

    goût de la nouveauté, le besoin de changement. Ainsi le mariage a besoin du secours des loix, qui ont elles-mêmes grand besoin du secours de l’éducation. Mais ces loix qui peuvent favoriser l’union conjugale, ce ne sont pas celles qui défendent positivement le célibat, mais celles qui font désirer le mariage ; car la nature n’ayant, pour provoquer l’union des deux sexes, imposé d’autre loi que celle du désir réciproque, la société entière, pour obéir elle-même à la nature, et faire reposer ses propres loix sur de solides fondemens, doit suivre cette indication. Au reste, il ne faut pas confondre ce célibat chaste et nécessité par certaines professions en très petit nombre, avec ce célibat impur qui est une vraie polygamie, une vraie piraterie exercée contre les gens mariés. Celui-ci est le plus grand de tous les vices, puisqu’il est le principe du plus grand de tous les crimes, de l’adultère.