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cette famille restent debout et appuyées

    Eh ! vieil orgueilleux, commande à ces enfans de se lever, de s’asseoir à côté de toi ; excite-les à dévorer avec l’inépuisable appétit, qui est un don de leur âge, ces mets que tu ne peux plus digérer ; jouis de leurs jouissances, vis de leur vie ; heureux sous tes yeux, et par toi, ils te rendront ainsi la vie qu’ils reçurent de toi. Jusqu’à quand d’orgueilleux et foibles mortels se croiront-ils plus grands, en se mettant à leur aise, tandis qu’ils gênent tous les autres ? En Angleterre, s’il faut en croire des ouï-dire, lorsque des jeunes hommes de distinction, après avoir achevé leurs études, se disposent à faire deux ou trois ans de voyage, pour connoître tous les tableaux et toutes les filles publiques de l’Europe, le père s’assied gravement dans un fauteuil de famille (tout semblable à celui du roi Dagobert) ; puis le fils se mettant à genoux, demande à son froid géniteur une juridique et orgueilleuse bénédiction. C’étoit dans les bras paternels, c’étoit sur ce sein chéri qu’il falloit la demander, ou plutôt la recevoir ; sentir les douces étreintes d’un père digne d’un fils digne de lui ; n’est-ce pas être suffisamment béni ? Quel autre tableau doit-il voir dans les voyages, et porter gravé dans son cœur ?