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mais fort doux, de joie et de reconnoissance. Nous nous disions les uns aux autres, que nous avions débarqué sur une terre habitée par des anges, dont la bonté se manifestoit de jour en jour, et qui, en nous prévenant sur tout, nous procuroient des consolations auxquelles, avant notre arrivée, nous ne devions pas nous attendre, et dont alors nous n’avions pas même d’idée.

Le lendemain, vers dix heures du matin, le directeur reparut : après nous avoir salués, il nous dit d’un ton familier, qu’il venoit nous rendre visite ; et ayant demandé une chaise, il s’assit. Une dizaine d’entre nous s’assirent près de lui, les autres étant déjà sortis ou s’étant alors retirés par respect. Lorsque tout le monde se fut placé, il parla ainsi : « Dans cette île de Bensalem (car tel est son nom, dans notre langue), nous jouis » sons d’un avantage qui nous est particulier ; grâce à notre isolement, à la distance où nous sommes de toute autre terre, au secret qu’une loi formelle