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et sans vivres, nous nous regardâmes comme perdus et nous nous préparâmes tous à la mort. Cependant nous nous mimes un jour tous en prières, élevant nos cœurs vers l’Être suprême, notre dernière et notre unique ressource. Vers le soir du lendemain, nous apperçûmes, à quelque distance, vers le nord, et fort près de l’horizon, une noirceur semblable à des nuages épais et fixes. Jugeant que ce pouvoit être la terre, nous reprîmes un peu courage, sachant assez que cette mer si vaste, qui étoit encore presque toute inconnue, pouvoit avoir des îles, et même des continens qui n’eussent pas encore été découverts. Ainsi nous gouvernames, durant toute la nuit, vers le point où la terre avoit paru se montrer. En effet, à la pointe du jour nous découvrîmes très distinctement une terre basse et couverte de bois ; ce qui étoit la vraie cause de cette couleur sombre que nous avions aperçue la veille.

Après avoir fait voile encore pendant une heure et demie, nous entrâmes dans