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attribuer au caractère d’acidité que prennent leurs humeurs[1]. Actuellement nos médecins ne manqueront pas d’expliquer toutes les différences qui distinguent la vieillesse de la jeunesse, en supposant qu’elles ont pour cause la diminution graduelle de la chaleur innée et de l’humide radical ; explication aussi hazardée qu’inutile dans la pratique. La vérité est que, dans le déclin de la vie, le dessèchement précède le refroidissement ; lorsque le corps est parvenu au maximum de chaleur, il tend naturellement à se dessécher ; desséchement, dont

  1. Ce qui peut venir aussi de ce qu’ils tâchent de suppléer par la répétition du petit nombre de plaisirs qui leur restent, au défaut total de ceux qu’ils ont perdus. Les vieillards doivent être plus gourmands et plus bavards, parce qu’ils n’ont presquc plus d’autre plaisir que celui de parler et de manger. Voilà peut-être pourquoi ils mangent ce qu’ils ne peuvent plus digérer, et conseillent ce qu’ils ne peuvent plus faire. Quand le corps voyage, l’esprit est sédentaire ; et moins le corps chemine, plus la langue trotte.