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et vivre à son gré : ou, ce qui vaut encore mieux, régler tous ses penchans, plier tout-à-fait son caractère, et lui donner assez de souplesse pour qu’il puisse s’accommoder aisément à toutes les situations, et s’attendre à toutes les vicissitudes de la fortune, en se laissant conduire plutôt que traîner par les circonstances[1].

97. Une autre attention nécessaire pour régler ses affections et en devenir entièrement le maître, c’est d’empêcher que

  1. Il faut s’attendre à tout, puisque tout arrive sans qu’on s’y attende. Être libre, c’est pouvoir ce que l’on veut ; or, le vrai moyen de pouvoir toujours ce que l’on veut, c’est de ne vouloir jamais que ce que l’on peut. Notre malheur vient de ce que nous voulons faire entrer un muid dans une pinte, ou, pour parler sans figures, de ce que nous voulons résoudre continuellement un problème tout tissu de contradictions et d’impossibilités : par exemple, posséder exclusivement et paisiblement toutes les espèces de biens, comme richesses, honneurs, gloire, belles femmes, etc. que tous ceux qui nous environnent, voudroient aussi posséder de la même manière ; ce qui est im-