Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée

contribue à la prolongation de la vie, son effet naturel étant de contracter les esprits, ce qui est un genre de condensation.

84. Les craintes excessives abrègent la vie ; car, quoique l’effet de la crainte et celui de la tristesse soient également de contracter et de resserrer les esprits, néanmoins la tristesse seule ne produit qu’une simple contraction ; au lieu que la crainte, portant à faire une infinité de réflexions contentieuses, et étant interrompue par des espérances qui s’évanouissent aussi-tôt, occasionne ainsi dans les esprits une vacillation fatigante, une pénible agitation, et, pour tout dire, un tourment.

85. La colère retenue et concentrée, (la rancune) est aussi un genre de tourment, et dispose les esprits à consumer plus promptement les sucs du corps. Mais lorsque, lui donnant un libre cours, on la laisse se répandre au dehors, alors elle devient salutaire comme ces médicamens qui excitent une chaleur vigoureuse.