Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

pée par l’imagination et l’espérance, a des effets avantageux.

82. Une joie qui se concentre et ne se communique qu’avec réserve, fortifie plus les esprits, qu’une joie diffuse, bruyante, et, en quelque manière, publique[1].

83. La tristesse ou l’affliction, lorsqu’elle est sans crainte et sans angoisse,

  1. Les joies bruyantes et bavardes sont, en quelque manière, des diarrhées de l’âme ; elles éventent l’homme et l’épuisent. Il n’est personne qui n’ait pu reconnoître par lui-même qu’après avoir beaucoup parlé, on a moins de jugement, de courage, d’appétit, et, en général, de force, soit physique, soit morale. Pour faire durer sa joie, il faut l’économiser ; et, pour l’économiser, il faut en étouffer l’expression ou en cacher la source. Où finit la joie, commence l’affliction, a dit le sage ; affliction presque toujours proportionnée à cette joie ; le cœur se resserrant naturellement autant qu’il s’est d’abord épanoui ; et la réaction, à cet égard comme à tout autre, étant naturellement proportionnelle à l’action. Or, la joie a toujours une fin ; et plus elle est vive, plus tôt elle finit.