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Tout ce qui peut, en se réparant par degrés, subsister dans sa première intégrité, peut, par cela seul, être éternel comme le feu des vestales. En conséquence les médecins et les philosophes voyant que les corps animés pouvoient réparer, par voie d’alimentation, leurs pertes continuelles, et en quelque manière se refaire par cette voie ; que néanmoins ils ne possédoient cette faculté que durant un certain temps, et que, vieillissant peu à peu, ils finissoient par mourir, ne trouvèrent d’autre moyen pour rendre raison de cette mort inévitable, que de supposer, dans le corps animal, je ne sais quel humor radical primitif et inné, qui n’étoit pas susceptible d’une réparation totale et proprement dite, mais qui se réparoit seulement en partie par une sorte d’apposition incomplette, même dès l’enfance ; opération qui devenoit de plus en plus imparfaite, par le simple effet de l’âge, et qui, à force de décroître, finissoit par se réduire à rien ; toutes idées superficielles, et qui prouvent assez qu’ils