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Français de nation, et presque notre contemporain, a vécu près de cent vingt ans. On prétend même que, malgré un si grand age, les extrémités des poils de sa moustache étoient encore un peu noirs : cet homme avoit l’esprit aliéné et l’imagination blessée, il étoit grand voyageur et mathématicien, il donna aussi quelque peu dans l’hérésie.

    vre où se peint l’espèce de béatitude dont il jouissoit en l’écrivant, et qu’il devoit à la constance avec laquelle il pratiquoit ses propres leçons. Il faut convenir toutefois qu’il donne lui-même un peu dans l’excès, et dans cette méprise où tombent la plupart des médecins, des moralistes, ou des politiques et autres hommes faisant profession de donner des conseils et de n’en point recevoir ; qui veulent toujours, en ne prenant mesure que sur eux-mêmes, habiller tout le genre humain. Un régime, tel que le sien, ne convient qu’à une situation ou à une constitution telle que la sienne. Or, il seroit non-seulement pénible et insuffisant, mais même dangereux pour tout homme qui, obligé par état de lutter sans cesse contre des hommes ou des difficultés, auroit besoin d’une grande force de résistance. Il a donc trop oublié que tout hom-