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2. Des alimens dont la substance a trop l’analogie et d’affinité avec celle des corps à alimenter, ne leur conviennent point. En effet, les animaux qui vivent d’herbages ne touchent pas à la viande ; et même parmi les animaux carnivores, il en est peu qui mangent ceux de leur propre espèce. Quant aux hordes d’anthropophages qu’on a pu découvrir, elles ne faisoient pas de la chair humaine leur nourriture ordinaire ; c’étoit par un esprit de vengeance qu’ils mangeoient leurs ennemis ; ou ils n’avoient contracté cet horrible goût que par une dépravation qui étoit le pur effet de l’habitude. Quoi qu’il en soit, on sait que, si l’on resème dans un champ le bled qui en est provenu, il réussit moins que le grain tiré d’ailleurs ; et lorsqu’on veut faire une greffe, on a communément l’attention de ne point enter un rejeton ou un scion sur le tronc auquel il appartenoit.

3. Mieux l’aliment est préparé, et plus sa substance est analogue à celle du corps à alimenter (en supposant toutefois que