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PRÉFACE

que de sa vie contemplative et philosophique, nous nous déterminons à renvoyer nos lecteurs aux ouvrages de ces historiens ; ce que nous ferons d’autant plus volontiers, que nous osons quelquefois douter de ces inconcevables foiblesses qu’on lui reproche, et plus encore des crimes dont on l’accuse. Tout grand homme est calomnié, parce qu’il est homme, et sur-tout parce qu’il est grand. Il nous semble que tout ce qui le rabaisse, nous exhausse d’autant, et qu’en le qualifiant de nain, nous devenions des géans. Qui ne sait qu’un homme de lettres, pour peu qu’il se distingue, est toujours environné d’une cabale, composée d’un petit nombre de gens d’esprit ligués avec un grand nombre de sots, leurs instrumens et leurs échos, dont la jalouse crédulité est toujours vendue à la méthodique jalousie de leurs souffleurs, et dont la bouche est toujours prête à répéter un mensonge. Il est si facile de persuader une calomnie à un vil troupeau, qui souhaite qu’elle soit vraie. Il est si aisé