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PRÉFACE

rera de cette insidieuse tutèle. Mais gardons-nous d’émanciper trop tôt l’enfant robuste ; et tenons-lui les bras liés jusqu’à ce qu’il ait appris à faire usage de ses forces, de peur qu’il n’emploie sa main gauche à couper sa main droite, ou ses deux mains à se couper la tête. Nous avons encore besoin d’un gros vice pour contenir les petits[1], et nous ne saurions trop imiter la marche lente et mesurée de la nature, qui, en développant l’individu, fait croître en même temps ses forces et sa raison. «

» Si l’on tente d’affranchir, avant le temps, la nation angloise, les loix d’une république n’étant pas assez réprimantes pour des enfans bercés tour à tour par un despote et des prêtres, on ne fera qu’arroser avec du sang les vices qu’auront plantés de concert le sacerdoce et le despotisme : la nation régénérée dans

  1. Le peuple anglois est trop négociant pour ne pas vendre sa liberté ; il l’achètera toujours fort cher pour la revendre à bas prix.