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fet semblable à celui que produit sur la lierre le froid de l’hiver, elle n’en ver-


    ou à le diminuer. Mais il est ici une distinction à faire. Physiquement parlant, non-seulement la réaction est égale à l’action, comme l’a dit Newton, mais même la réaction est une condition tellement nécessaire pour que l’action ait lieu, que, sans cette réaction, il n’y auroit point d’action. Pour qu’une force quelconque puisse s’exercer, il faut qu’elle ait à vaincre quelque résistance, quelque autre force ; car, si rien ne lui résistoit, sur quoi s’exerceroit-elle, quel seroit son effet, et en quoi consisteroit cette action ? Mais, parmi les êtres moraux, ou, si l’on veut, les êtres vivans, la réaction ne fait pas seulement que l’action a lieu, mais de plus elle l’augmente ; parce qu’elle irrite l’agent et l’excite à redoubler ses efforts. La première n’augmente que l’effet de la puissance, en lui fournissant l’occasion de s’exercer et un point d’appui ; au lieu que la dernière augmente, et l’effet et la puissance même. Cette question n’est rien moins que frivole ; car voici la conséquence pratique de notre principe. S’il est vrai que l’homme ne puisse être heureux, ni même vivre sans agir, et qu’il ne puisse agir sans avoir quelque résistance à vaincre, donc ces besoins qui l’éveillent, ces maux qui l’affligent ou le menacent, et