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ou tout autre bien), ne désirent que des objets de rebut, qu’une infinité de gens, et cela dans tous les siècles, ont, d’après l’épreuve, rebutés et comme répudiés. Que le lierre soit consacré à Bacchus, cela n’est pas sans mystère. Cette fiction s’applique de deux manières aux passions. La première consiste en ce que le lierre conserva sa verdeur durant l’hiver ; la seconde, en ce qu’il serpente et s’entortille en s’élevant, autour d’une infinité de corps, comme arbres, murs, édifices. Quant au premier point, toute passion croît en vertu de la résistance même et des défenses qu’on lui oppose et par une sorte d’antipéristase[1] et d’ef-

  1. Antipéristase : ce mot antipéristase, si souvent employé par les philosophes grecs signifie la réaction, la résistance ; ou morte, comme celle qui naît de la force d’inertie ; ou vive, comme celle qui naît du ressort, de la force de gravité, ou de l’opposition des êtres vivans. Je crois pouvoir appeller force vive celle qui tend à produire, à conserver, ou à augmenter le mouvement ; et force morte, celle qui ne tend qu’à le détruire