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DES SCIENCES, L. II. CH. XIII.

grande importance, c’est d’aller trouver les Grées. Ces Grées, ce sont les trahisons, qui sont les sœurs des guerres ; non pas les sœurs de père et de mère ; mais en quelque sorte d’une moins haute extraction. Car les guerres ont je ne sais quoi de noble et de généreux ; mais la trahison a quelque chose de bas et de honteux. Rien de plus élégant que de supposer, en faisant leur portrait, que dès leur naissance elles portent des cheveux blancs, et ressemblent à de petites vieilles ; cela peint les soucis et les inquiétudes où les traîtres vivent perpétuellement. Or, leurs forces, avant qu’elles fassent leur explosion et se terminent par une défection manifeste, sont ou dans leur œil ou dans leur dent. Car toute faction aliénée d’un état et penchante à la trahison, épie et mord. Cet œil et cette dent sont, en quelque manière, communs à tous les factieux ; tout ce qu’ils ont pu apprendre et découvrir, ils le font circuler, et se le passent, pour ainsi dire, de main en main. Et quant à